Il y a 10 ans, le maire héritait de 30 millions d’euros à Bussy-Saint-Georges. Dix ans plus tard : aucun projet structurant n’a été conduit à son terme, et les caisses sont vides. Où est passé le magot ?

Suite de notre diagnostic financier de la ville de Bussy-Saint-Georges…

Il y a 10 ans, le maire actuel est élu. Il tombe sur un trésor de 30 millions dans les caisses de Bussy-Saint-Georges. Jackpot ! Une chance que peu d’élus connaissent… Et qu’a-t-il fait de ce coup de pouce inespéré ? Rien de marquant. Aucun grand projet structurant n’a été mené à bien malgré les promesses de campagne.  Pas de salle de spectacle polyvalente… et pas de pôle ludique qui devait financer la salle de spectacle… Pas de campus international… Pas de halle alimentaire en centre-ville… Pas de pôle médical… Pas de ferme écologique… Pas de maison des associations… L’Aquaboulevard promis est devenu une piscine financée par l’agglomération… Bref, qu’a fait notre maire des 30 millions d’euros qui l’a trouvés dans les caisses en arrivant en mars 2016 ?? Rien de structurant ! 10 ans après… On en est quasi au même point… mais les caisses sont vides… où est passé le magot ? Consommé petit à petit dans le train de vie de la commune : un quart de dépenses en plus, chaque année, juste pour faire tourner la machine municipale. Réveillons-nous !

Comment l’instabilité politique de Bussy-Saint-Georges dans le début des années 2010 permet à la ville de ne pas dépenser et donc d’économiser

Bussy-Saint-Georges, une ville au paradoxe flagrant : lourdement endettée… mais riche ! En tout cas, elle l’était quand Yann Dubosc est arrivé aux commandes en 2016. Dès notre entrée au Conseil municipal, nous avons pointé du doigt cette anomalie. À l’époque, notre constat a fait l’effet d’une bombe : la plupart des élus de la majorité étaient convaincus du contraire.

Revenons sur les faits

Dans les années 2010, le maire de l’époque, Hugues Rondeau, voit bien trop grand pour Bussy-Saint-Georges. Ses projets dépassent les capacités de la ville. L’État coupe ses subventions. C’est la dégringolade. Pour compenser, le maire augmente brutalement les impôts. Résultat : les Buxangeorgiens se retrouvent à payer 50 % de plus que les habitants des villes de taille comparable.

En mars 2014, comme partout en France, les élections municipales ont lieu. Au second tour, la liste menée par Chantal Brunel l’emporte face au maire sortant, Rondeau.

Mais l’instabilité politique commence. Le 28 octobre 2014, le tribunal administratif de Melun annule le scrutin en raison d’irrégularités sur les bulletins du maire sortant.

Une délégation spéciale est alors nommée pour gérer la ville. Il faut attendre les élections des 20 et 27 septembre 2015 pour que Chantal Brunel soit réélue. Mais entre-temps, près de deux ans d’immobilisme : aucun grand projet ne peut avancer, la ville est à l’arrêt. Pourtant, les citoyens, eux, continuent de payer des impôts 50 % plus élevés que la moyenne nationale.

Et comme on ne dépense rien, les excédents s’accumulent. La ville commence à thésauriser. À son retour en octobre 2015, Chantal Brunel retrouve un trésor de guerre : l’excédent budgétaire de la commune est alors quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Environ 18 millions d’euros dorment dans les caisses.

Mais la stabilité ne revient pas. En septembre 2016, une nouvelle crise politique secoue la majorité. Sous l’impulsion de Yann Dubosc, alors premier adjoint, 17 élus sur 28 démissionnent. Le conseil municipal est dissous, et de nouvelles élections doivent être organisées. Ce sont les troisièmes en trois ans ! Elles ont lieu les 4 et 11 décembre 2016.

C’est à ce moment-là que Yann Dubosc prend le pouvoir. Et il hérite d’une situation exceptionnelle : 30 millions d’euros d’excédents fin 2017. Soit plus de cinq fois la moyenne nationale. C’est une situation quasi inédite pour un maire d’avoir autant d’excédents cumulés. Il arrive et il a un potentiel d’investissement sans précédent. Un vrai cadeau.

 Et les promesses, il n’en manque pas. Il parle d’un pôle ludique qui financerait une salle de spectacle polyvalente, d’un Aquaboulevard, d’un campus international, d’une halle alimentaire en centre-ville, d’un pôle médical, d’une ferme écologique, d’une maison des associations, etc.

Un programme ambitieux. Un trésor en caisse. Et pourtant, dix ans plus tard, qu’a-t-on vu sortir de terre ?

30 millions dans les caisses : à quoi correspond ce chiffre officiel publié par les pouvoirs publics ?

Dans nos articles, nous ne nous appuyons que sur des chiffres officiels, ceux de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP). Pourquoi ? Parce qu’ils permettent de comparer objectivement les villes entre elles, sur des bases strictement équivalentes.

Mais au fait, c’est quoi un excédent financier ? C’est ce qu’il reste dans les caisses de la ville une fois que tout a été payé : les dépenses de fonctionnement, les investissements, tout. En clair, c’est l’épargne de la commune.

Comparaison des excédents financiers de Bussy-Saint-Georges par rapport à la moyenne nationale des villes de même taille.

Comme le montre le tableau ci-dessus, en neuf ans, l’excédent s’est évaporé lentement mais sûrement. Aujourd’hui, il est même très inférieur à la moyenne des villes de même taille. Alors, une question s’impose : où est passé ce magot ?

Une chose est sûre : il n’a pas servi à baisser les impôts. Les Buxangeorgiens n’en ont pas vu la couleur. Une maigre réduction de quelques pourcents a bien eu lieu il y a quelques années… mais aujourd’hui encore, nous payons 50 % de plus que dans les communes comparables. Le trésor s’est envolé, mais pas dans l’intérêt des habitants.

A quoi a servi ce magot entre 2016 et 2025 ? Un quart de dépenses en plus, chaque année, juste pour faire tourner la machine municipale.

Aujourd’hui, sur les 30 millions d’euros hérités en 2016, il ne reste un peu moins de 3 millions. Autrement dit, 27 millions ont été dépensés en neuf ans. Mais pour quoi faire ?

Pas pour des projets d’envergure. Pas pour baisser les impôts. Non, cet argent a principalement servi à alimenter le train de vie de la commune, bien plus élevé que dans les villes de même taille.

On entend souvent dire que Bussy est une ville nouvelle, et que c’est normal qu’elle ait un budget plus important. C’est vrai… mais uniquement pour les investissements : écoles, infrastructures, équipements. Pas pour le fonctionnement quotidien.

C’est justement pour éviter les amalgames que l’État impose aux communes de distinguer deux budgets :

  • le budget de fonctionnement (personnel, entretien, frais courants)
  • le budget d’investissement (projets structurants, équipements, construction)

Or, rien ne justifie que Bussy dépense beaucoup plus que la moyenne pour faire tourner sa machine municipale. Et pourtant, comme le montre le tableau ci-dessous, le niveau de dépenses de fonctionnement est supérieur de plus de 25 % depuis dix ans par rapport aux communes comparables.

Comparaison du train de vie de la ville de Bussy-Saint-Georges par rapport au train de vie des villes de même taille.

Là encore, ces chiffres ne sortent pas de nulle part : ils sont issus des données officielles de la DGFIP, calculés par habitant ; la seule façon de faire des comparaisons vraiment objectives entre communes de même taille.

Ce dépassement s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par notre dépendance excessive à la sous-traitance, notamment à travers les délégations de service public. Depuis des années, nous alertons le maire : cette dérive finira par exploser. Mais rien n’y fait.

Aveuglé par le magot de 30 millions d’euros trouvé en arrivant, il n’a jamais pris la mesure du problème. Cette réserve budgétaire a joué le rôle de matelas de confort. Tant qu’il restait un peu de marge, aucune décision sérieuse n’a été prise pour corriger les excès. Résultat : on a laissé filer.

On peut admettre que le maire a hérité, il y a dix ans, d’une commune qui vivait déjà au-dessus de ses moyens. Mais ce qui est incompréhensible, c’est qu’aucun audit sérieux n’ait été lancé, aucune réforme engagée. Rien. Aucune remise à plat.

Chaque année, les mêmes délégations de service public sont reconduites, sans questionnement, à notre grand regret. Et chaque année, lors des débats budgétaires, nous tirons la sonnette d’alarme : le problème est structurel, il ne va pas disparaître par magie. Il exige une réponse sérieuse, une stratégie de fond, et une mobilisation collective de tous les agents municipaux. Mais en face, c’est le silence ou l’évitement. On repousse… Jusqu’à quand ?

Aujourd’hui, la réalité nous rattrape. Le magot a fondu. Et aucun projet structurant n’a vu le jour. Pire : l’équipe municipale s’est précipitée pour investir massivement dans trois groupes scolaires… au point que nous sommes désormais en situation de surcapacité pour au moins cinq ans.

Conclusion

Dix ans après, le constat est sans appel : un trésor budgétaire exceptionnel a été dilapidé, sans véritable vision d’avenir ni projet structurant abouti. Les impôts restent parmi les plus élevés de France pour une commune de cette taille, et les dépenses de fonctionnement continuent de peser lourdement. Ce que Bussy attend aujourd’hui, ce n’est pas un vernis de communication, mais un sursaut : un cap clair, un audit honnête, et une gestion enfin tournée vers l’intérêt collectif et le long terme.

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