Construire pour construire : la stratégie de l’absurde ! Nous en voulons beaucoup au maire de Bussy-Saint-Georges pour sa passivité des 10 dernières années dans l’affaire de l’Opération d’Intérêt National   

Des villes qui construisent, il y en a partout. Mais la ville de Bussy-Saint-Georges s’est laissée piéger à cause de la passivité de notre maire durant les 10 dernières années. Classée Opération d’Intérêt National (OIN) depuis les années 1980, la ville conserve aujourd’hui une étiquette réservée, en principe, aux territoires que l’État juge stratégiques pour la France, et à qui il accorde des moyens exceptionnels. Mais à Bussy, aucun projet d’envergure. Juste des immeubles banals, qui viennent s’ajouter les uns aux autres.  Les avantages du statut ont disparu, ne reste que l’obligation de construire toujours plus, sans aide de l’État. Le maire a laissé faire, voire a été complice de cette dérive. Et en 2024, le comble de l’absurde ! Parce que le maire n’a jamais contesté cette étiquette d’OIN, Bussy est devenu automatiquement “PENE”, un label réservé aux grands projets nationaux comme les travaux d’utilité publique (lignes TGV, ports, défense nationale, etc.).  Qu’est-ce que Bussy vient faire là-dedans ? Rien ! Mais ce nouveau label sert de prétexte pour relancer la course au béton. Et comme il n’y a pas de projet stratégique, il ne peut pas y avoir de pilotage financier partagé. Résultat : une fois de plus, ce sont les Buxangeorgiens qui passent à la caisse pour financer cette urbanisation contrainte. On vous explique !!

Qu’est-ce qui à Bussy-Saint-Georges peut donc être d’une « importance telle » que la ville est classée OIN : territoire stratégique de la France ?

Regardez bien la ville de Bussy-Saint-Georges… C’est une « OIN », « Opération d’Intérêt National ». Selon le Code de l’urbanisme, l’OIN est « une opération d’aménagement qui répond à des enjeux d’une importance telle qu’elle nécessite une mobilisation de la collectivité nationale et l’engagement de l’Etat à y consacrer des moyens particuliers ». Autrement dit, un territoire que l’État juge tellement stratégique qu’il y déploie des moyens exceptionnels, selon le Code de l’urbanisme. On parle ici du top niveau de l’aménagement du territoire : le quartier de la Défense à l’Ouest de Paris, la grande zone industrielle portuaire de Fos-sur-Mer à côté de Marseille, le plateau de Saclay qui est un pôle mondial d’innovation dédié à la recherche scientifique et technologique, la redynamisation du territoire entourant le marché d’intérêts national de Rungis, certains travaux relatifs aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Les OIN, ce sont les territoires vitrine de la France : économie, recherche, infrastructures, rayonnement national. Bref, là où l’État mise gros pour dessiner le futur.

Qu’est-ce qui à Bussy-Saint-Georges peut donc être d’une « importance telle » que la ville est classée OIN : territoire stratégique de la France ? Première tromperie… Rien ! J’ai beau regarder autour de moi… je ne vois que des immeubles qui poussent au milieu des champs un peu dans tous les sens avec quelques commerces bien modestes… Bientôt on aura des entreprises qui vont pousser au milieu des champs de l’autre côté de l’autoroute… Mais rien d’envergure nationale ou mondiale ?? Rien d’une « importance telle » !!!

De qui se moque-t-on ? Malheureusement de nous, les habitants de Bussy. Pourquoi ? Parce qu’en attendant, on paie 50 % de plus d’impôt que dans les autres villes de même taille et cet excédent d’impôt compense tout juste l’obligation de construire des… logements. Car oui, vous l’avez bien compris, le caractère stratégique pour la France de Bussy-Saint-Georges, c’est de construire des logements !!

Des villes qui construisent beaucoup, il y en a plein en France. Elles utilisent ce qu’on appelle des ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) pour aménager les nouveaux quartiers. L’intérêt d’une ZAC c’est de maîtriser l’aménagement d’un quartier entier de manière cohérente, plutôt que de laisser faire des constructions isolées. Déjà ça, à Bussy, ce n’est pas vraiment très réussi.

Mais parmi les villes qui construisent beaucoup, Bussy est une ville spéciale !! Elle n’est pas complètement maitresse de son urbanisme. On lui impose de construire !!

Bussy : une ville obligée de construire… sur le dos des habitants

Bussy-Saint-Georges fait partie d’une Opération d’Intérêt National (OIN) depuis avril 1985, dans le cadre de la création de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée (secteur III, dit « Val de Bussy »). Cela fait donc 40 ans cette année !

À l’origine, l’objectif était simple : accueillir une population croissante en Île-de-France en construisant massivement des logements, tout en stimulant le développement économique local. En retour, l’État accordait à Bussy des moyens financiers supplémentaires, liés à son statut d’« agglomération nouvelle ». Le contrat semblait gagnant-gagnant : Bussy se développait et l’État répondait à la crise du logement en région parisienne.

Mais avec le temps, les aides de l’État se sont taries, tandis que le rythme de construction, lui, n’a jamais ralenti : +8 500 habitants entre 1990 et 2000, +10 000 habitants entre 2000 et 2010. Les écoles, gymnases, crèches et aménagements urbains se sont multipliés, mais sans soutien financier durable, la machine s’est enrayée. Résultat : dans les années 2010, la seule issue a été une forte hausse des impôts locaux pour faire face aux dépenses.

Au départ, c’était clair : Bussy-Saint-Georges signait avec l’État une convention tous les trois ans. On fixait ensemble le rythme du développement urbain, et en échange, l’État finançait une partie des équipements. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, plus de négociation, plus de dialogue. Bussy est enfermée dans son statut d’OIN, qui l’oblige à construire, point barre. Aucune aide supplémentaire. On nous accorde 50 % de subvention pour les écoles… qu’on est de toute façon obligés de bâtir ! Et les 50 % restants ? À la charge des habitants. Résultat : nos finances s’effondrent, et plus aucun moyen d’investir ailleurs.

Pendant ce temps, dans les villes qui ne sont pas OIN, les équipements scolaires sont souvent financés via des ZAC, et certains maires réussissent à ce qu’ils ne coûtent pas un centime aux contribuables ! À Bussy ? 30 millions d’euros dépensés en cinq ans rien que pour les groupes scolaires. Cher payé, pour une obligation imposée !!

Pourquoi le maire ne fait-il rien alors que les solutions existent ?

« Ce n’est pas de ma faute ! » Dix ans que cette phrase tourne en boucle… Sauf que justement en 10 ans les choses ont évolué. Les nouveaux OIN du Grand Paris ont changé la donne. Mais à Bussy, silence radio. Notre maire préfère regarder ailleurs.

Les nouveaux OIN du Grand Paris ont introduit un pilotage plus intelligent, où toutes les collectivités – Ville, Département, Région – sont enfin réunies autour de la table avec l’État. Ces nouvelles gouvernances partagées permettent de co-construire une planification financière pluriannuelle claire et cohérentes. N’est-ce pas le principe même d’une Opération d’Intérêt National : un projet stratégique pour la France, qui justifie une coordination de haut niveau.

Mais à Bussy-Saint-Georges, quel est cet intérêt national ? Soyons lucides : il n’y en a pas. Même un intérêt départemental, on cherche encore. Quelques immeubles lancés au milieu des champs… ce n’est ni un projet d’envergure, ni une ambition collective. Résultat : la ville bricole seule, en négociant au cas par cas avec le Département de Seine-et-Marne et la Région Île-de-France . Comble de l’absurde : quand EpaMarne finance un groupe scolaire avec de l’argent généré par notre propre territoire, la Région déduit cette aide de la sienne. Autrement dit, on tourne en rond !

Le maire aurait dû exiger l’intégration de l’OIN de Bussy-Saint-Georges dans les nouveaux modèles de gouvernance. Ce sont de vrais contrats d’intérêt national, écrits, partagés, transparents, où chacun – État, Région, Département – s’engage noir sur blanc sur ses contributions. On définit les objectifs. On chiffre les besoins. On répartit les efforts.

Le problème, c’est qu’à Bussy, il n’y a pas de projet stratégique. On aligne les immeubles un par un, sans vision, sans cohérence. Et pourquoi ? Parce que le maire n’a jamais saisi l’importance de construire une ambition claire, à long terme, pour notre ville. Il n’a pas compris qu’il fallait porter un vrai projet collectif, capable de rassembler, de créer de la fierté, de donner du sens à notre développement. Un projet que l’État, le Département ou la Région auraient peut-être soutenu… s’il avait existé.

Résultat : on reste enfermés dans une étiquette “OIN” qui ne nous apporte que des obligations… mais aucun soutien. Un carcan, pas une chance. Alors qu’avec un vrai projet stratégique, on aurait pu inverser la donne, mobiliser les partenaires, et redonner un cap à notre ville. Mais à défaut de vision, on subit.

Comble de l’absurde : Bussy devient « PENE« : Projets d’Envergure Nationale ou Européenne

Mais notre colère est montée d’un cran quand fin 2014, le maire nous a demandé en Conseil Municipal de valider un « PENE » d’intérêt général majeur à Bussy-Saint-Georges. Qu’est-ce qu’un « PENE » ? C’est un « Projet d’Envergure Nationale ou Européenne » d’une ampleur stratégique majeure contribuant aux grandes priorités de la France comme la transition énergétique, la souveraineté industrielle, la défense, ou encore la cohésion territoriale.

Et oui, la ville de Bussy-Saint-Georges est devenue « PENE » fin 2024. Absurde !!

Pour bien comprendre les enjeux, il faut revenir à la loi Climat et Résilience de 2021, qui impose le principe du zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050 : chaque hectare de sol bétonné devra être compensé par un hectare renaturé ailleurs. Un objectif intermédiaire impose déjà, d’ici 2031, de réduire de 50 % la bétonisation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF). Désormais, chaque territoire dispose d’un quota limité d’artificialisation.
Mais pour certains projets jugés stratégiques, les fameux « PENE », l’État s’est réservé une enveloppe spéciale (exprimée en hectares), qu’il peut mobiliser au cas par cas malgré les restrictions.

Sont classés « PENE » les grands projets jugés cruciaux pour la nation : travaux d’utilité publique, lignes TGV, projets industriels pour la souveraineté ou la transition écologique, ports stratégiques, défense nationale, prisons, réacteurs nucléaires… et les OIN.

Logiquement, une OIN est censée porter un projet d’envergure nationale. Voici les projets classés en France PENE. Sauf qu’à Bussy, on a été classés PENE… par simple automatisme. Sans projet stratégique. Sans ambition nationale. Juste parce qu’on est OIN. Un statut lourd de conséquences (la course effrénée des chantiers a repris), sans en avoir les bénéfices (pas d’aide financière spécifique). Et pourquoi l’État soutiendrait-il des immeubles sans intérêt particulier, construits au fil de l’eau, sans vision d’ensemble ? On tourne en rond. Toujours plus de béton, toujours moins de sens.

Habitants de Bussy, Réveillons nous !

Une réponse sur “Construire pour construire : la stratégie de l’absurde ! Nous en voulons beaucoup au maire de Bussy-Saint-Georges pour sa passivité des 10 dernières années dans l’affaire de l’Opération d’Intérêt National   ”

  1. Une publication intéressante et qui va très loin dans l’analyse.
    Il est fondamental que les dirigeants d’EpaMarne, les Élus de Bussy-Saint-Georges et les responsables du développement du pôle Val d’Europe prennent connaissance de ce genre d’analyse.
    Pierre Tebaldini, Directeur de Cabinet a également des doutes concernant l’évolution de la démographie, par exemple à Bussy-Saint-Georges, nous avons approximativement la même population qu’en 2013 , 12 ans après malgré les grues et le béton , nous patinons …..Cela en dit long pour le financement futur du quartier du Sycomore et de l’évolution de la globalité de la Ville de Bussy-Saint-Georges, avec des dotations globales de fonctionnement de l’état en baisse ( 30% de ces dotations de l’état sont des emprunts )
    Oui , nous pouvons être très inquiets pour le développement futur de notre ville !

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